« Que cesse l’occupation » No. 973

Oct 4, 2019 | Notre bulletin

Que cesse l’occupation:
L’histoire retiendra qu’Israël a commis un holocaust

L’histoire retiendra qu’Israël a commis un holocaust

SUSAN ABULHAWA traduit de l'anglais par PAJU IL EST 20H00 à Gaza, en Palestine en ce moment, la fin de mon quatrième jour à Rafah et le premier moment où j'ai dû m'asseoir dans un endroit calme pour réfléchir. J'ai essayé de prendre des notes, des photos, des images...

Les règles des médias expliquées: Parlez d’un massacre israélien et d’enfants palestiniens du même souffle et dites adieu à votre carrière

Donald Johnson

Il s’avère qu’en utilisant seulement deux mots faisant apparemment référence aux crimes commis par deux personnes, vous pouvez reconstruire toute l’histoire de l’antisémitisme européen. Matt Seaton est l’homme cultivé qui a démontré l’utilisation de cet algorithme de décompression plus tôt cette semaine. Observez le maître au travail. Lundi, Matt Seaton, rédacteur en chef du New York Review of Books (et plus tôt à la page d’avis du Guardian et du NYT) s’est servi de la loi en réponse à un tweet d’Ali Abunimah :

« Celui-ci est dénoncé pour libelle de sang antisémite. Adieu, Ali. »

Ali Abunimah a donc dû dire quelque chose de vraiment terrible. Jugez par vous-même. En réponse aux élections israéliennes, où le parti de Benny Gantz a remporté plus de sièges que celui de Benjamin Netanyahu, Ali Abunimah a déclaré ceci:

« Que faut-il célébrer? Il sera remplacé par un autre boucher d’enfants palestiniens. Le remplacement de Netanyahu représente un progrès zéro pour les droits des Palestiniens. »

Comme cela a été rapidement souligné par de nombreuses personnes, il avait raison. Netanyahu et Gantz sont tous deux responsables de la mort de centaines d’enfants à Gaza. Seaton ne conteste pas les faits. Alors, où se situe exactement l’antisémitisme? Heureusement, Seaton, qui, à son avis, est très averti en cette matière, a décidé de répondre :

Vous ne demandez probablement pas de bonne foi, mais je ferai comme si vous le faisiez. « Boucher », dans un contexte juif ou musulman, invoque un massacre rituel. « Enfants » ajouté à cela fait référence au mythe antisémite médiéval (la libelle de sang) du sacrifice rituel juif des enfants (chrétiens). 1/2

C’est une image tout à fait familière retrouvée sous des formes similaires à partir d’une multitude de caricatures antisémites décrivant les juifs comme de sanglants tueurs d’enfants . Cela relève de la définition de l’IHRA: « Allégations mensongères, déshumanisantes, diabolisantes ou stéréotypées à propos de juifs ». 2 / 2a

Si vous ne connaissez pas les tropes de l’antisémitisme, vous ne comprenez pas l’antisémitisme. Et si vous ne vous souciez pas de les connaître et de les reconnaître, cela signifie probablement que vous ne vous souciez pas de l’antisémitisme. 2 / 2b

Ainsi, comme l’a souligné son interlocuteur, tout se résume en deux mots: « boucher » et « enfants ».

Ce fil twitter compte bon nombre de personnes qui essaient (avec plus ou moins de politesse) de montrer à Seaton l’absurdité de cet argument. Mais rien n’y fera. Il sait ce qu’il sait. Bien sûr, Netanyahu et Gantz pourraient être des criminels de guerre coupables d’avoir tué des centaines de Palestiniens, disons, non encore adultes. L’un de ces deux criminels de guerre pourrait encore devenir premier ministre. Seaton ne se donne pas la peine de contester ce point. Son intérêt est le suivant: à de nombreuses reprises dans l’histoire européenne, des juifs innocents ont été faussement accusés du massacre rituel d’enfants chrétiens. Donc, pour cette raison, si deux responsables de l’État juif autoproclamé sont réellement coupables d’avoir tué des enfants, vous ne pouvez pas utiliser le mot « massacre » et vous ne pouvez pas utiliser le mot « enfants » à proximité du mot « massacre », car seul un antisémite vicieux ferait une telle chose.

Donc c’est un détournement de sens. Si vous voulez critiquer le décès prématuré de Palestiniens avant l’âge de la majorité, provoqué par les actions de responsables d’un État particulier, vous feriez mieux de le faire en évitant d’utiliser un mot déjà identifié à une fausse accusation contre des juifs par des antisémites.

Cela va être difficile. Le problème est que les antisémites ont souvent accusé des juifs innocents de crimes terribles. Que pouvez-vous donc dire si un juif commet réellement un crime de guerre?

Comme quelqu’un l’a fait remarquer sur le fil de Twitter, Ali Abunimah reproche à Obama et à son aide Ben Rhodes d’avoir aidé les Saoudiens à « massacrer » les « bébés » yéménites. N’y a-t-il pas de fin à ce détournement de sens ?

« Est-ce pour cela que vous et Obama avez aidé votre pays non allié, l’Arabie saoudite, à massacrer des bébés yéménites? »

Seaton s’est enfoncé si profondément dans cette avenue que seul un très grand homme pourrait s’excuser de cela à ce stade. Il peut se convaincre qu’il est simplement plus éduqué et sensible que ceux qui le critiquent sur Twitter. Le point le plus important est celui-ci. Regardez sa carrière. Cet homme est le portier à l’entrée de la passerelle. Si vous voulez savoir pourquoi le racisme anti-palestinien chez les Américains qui soutiennent Israël n’est jamais remis en question, alors que l’antisémitisme (réel et imaginaire) est souvent au centre des discussions sur les droits des Palestiniens, regardez l’état d’esprit de Seaton. Peut-on critiquer Israël dans les termes qu’il mérite sans que certains individus ne prétendent que ces critiques sont antisémites? Et une fois que cela se produit, la thématique des droits de la personne des Palestiniens disparaît tout simplement, comme par magie.

Regardez toutes les personnes de couleur qui sont accusées d’antisémitisme ces dernières années en partie à cause de leur position sur la Palestine: Linda Sarsour, Tamika Mallory, Ilhan Omar, Alice Walker, Elijah Cummings et Marc Lamont Hill.

Maintenant, essayez de nommer quelqu’un du côté pro israélien qui est sans doute coupable de fanatisme anti-palestinien et qui a été le centre de la controverse à cause de cela? Jetez un coup d’œil au New York Times, qui a publié quatre articles dans lesquels il défendait les tirs israéliens sur des manifestants palestiniens l’année dernière. Où était la controverse sur cette décision éditoriale? Nulle part, en ce qui concerne la presse grand public. Quand vous voyez l’attitude de Matt Seaton, vous avez un aperçu de la pensée derrière ce parti pris flagrant.

Adapté de : https://mondoweiss.net/2019/09/explained-slaughter-palestinian/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=explained-slaughter-palestinian&utm_source=Mondoweiss+List&utm_campaign=1724d0324b-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_b86bace129-1724d0324b-398594157&mc_cid=1724d0324b&mc_eid=3592db61b2

Distribué par PAJU (Palestiniens et juifs unis)

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