« Que cesse l’occupation » No. 1030

Nov 6, 2020 | Notre bulletin

Que cesse l’occupation:
L’histoire retiendra qu’Israël a commis un holocaust

L’histoire retiendra qu’Israël a commis un holocaust

SUSAN ABULHAWA traduit de l'anglais par PAJU IL EST 20H00 à Gaza, en Palestine en ce moment, la fin de mon quatrième jour à Rafah et le premier moment où j'ai dû m'asseoir dans un endroit calme pour réfléchir. J'ai essayé de prendre des notes, des photos, des images...

L’IHRA*  frappe à nouveau

* IHRA : Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a adopté la définition de travail de l’antisémitisme de l’IHRA qui met les juifs en danger en les impliquant dans l’attaque israélienne contre les droits de la personne.

Par DAVID KATTENBURG  

Sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, le premier ministre du gouvernement conservateur de l’Ontario, Doug Ford, vient de renforcer mon exposition à ce genre de racisme le plus vulgaire.

Le 27 octobre dernier, par Order in Council (OIC 1450/2020), la province la plus populeuse du Canada a adopté la définition de travail de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA-WDA), supprimant ainsi la Combating Antisemitism Act (projet de loi C-168) du Feuilleton, me privant de la possibilité de témoigner contre elle, comme je l’avais demandé .

L’OIC de l’Ontario déclare, de manière laconique, que « le racisme systémique, y compris l’antisémitisme, est une réalité persistante en Ontario » et que le gouvernement adoptera et reconnaîtra par conséquent l’IHRA-WDA adoptée à Bucarest en 2016.

De manière prometteuse, l’OCI ne fait aucune mention du noyau interne défectueux de l’IHRA-WDA: ces onze exemples cités d ’« antisémitisme » dans la Déclaration de Bucarest, en incluent sept qui sont des commentaires sur l’État d’Israël.

Mais leur absence du CIC de l’Ontario n’apporte guère de soulagement. Les groupes pro-israéliens, y compris son «fidèle défenseur», B’Nai Brith Canada, affirment maintenant que le gouvernement Ford a adopté ces exemples pervers de haine des juifs et se préparent à les transformer en armes.

L’IHRA-WDA a fait l’objet d’énormes discussions, commentaires et débats acrimonieux, y compris sur ces pages. Pierre angulaire des onze exemples d ’« antisémitisme »de la WDA, numéro sept:« Refuser au peuple juif son droit à l’autodétermination, par exemple en affirmant que l’existence d’un État d’Israël est une entreprise raciste ».

Contradictions de l’IHRA

Donc, si l’OCI de l’Ontario doit être prise au mot et embrassée, moi, le fils de survivants néerlandais et français de l’Holocauste, né à Long Island, naturalisé canadien, n’ayant jamais mis les pieds en Israël avant l’âge de 31 ans, j’ai le droit de déménager à Jérusalem aujourd’hui, pour résider sur des terres volées à des personnes vivant maintenant en exil (beaucoup d’entre elles dans la province de l’Ontario), qui elles-mêmes n’ont pas le droit de rentrer chez elles, et sont maltraitées et déportées à l’aéroport Ben Gourion, dans cet ordre, s’ils essaient de le faire.

Je refuse ce droit! En me l’imposant, le codicille que l’Ontario vient d’adopter m’implique dans des actes peu recommandables et très inconvenants. Cela m’expose à l’opprobre. En effet, à l’antisémitisme.

Je ne suis pas originaire de la Terre d’Israël. Israël n’est pas mon ancienne patrie. Mon génome ashkénaze contient moins d’ADN levantin que les génomes de mes amis palestiniens – 60% contre 80%, selon une étude récente. Une autre étude rapporte qu’ « au moins 80% de l’ascendance maternelle ashkénaze est due à [l’ADN] originaire d’Europe, probablement par conversion.»

Et, comme n’importe quel généticien de la population peut l’expliquer, mathématiquement, mes racines ne peuvent être reliées à plus d’une infime fraction des femmes et des hommes qui vivaient réellement à l’époque du Deuxième Temple.

Pourtant, si je publie cela sur Facebook et Twitter – quelqu’un tellement perdu dans la diaspora qu’il refuse la présence de la Terre d’Israël en lui-même et la sienne en Israël – des messages horribles atterrissent dans ma boîte de réception. « Juif qui se déteste! », ils me crachent dessus. Ou, pire encore, kapo! Indiscernable des juifs des camps de la mort qui ont piqué et creusé des tombes à Sobibor et Auschwitz (où presque une centaine de Kattenburg ont péri).

L’affirmation de l’autodétermination juive que le gouvernement de Doug Ford vient d’adopter est un amalgame que j’éviterais de justesse. Pourquoi Ford vient-il de m’engluer ainsi?

Ça s’empire. Jouant le jeu dans les deux sens (comme le font les partisans d’Israël), l’exemple 6 de l’IHRA-WDA pose comme « antisémite » la plus désagréable des affirmations – que les juifs sont « plus fidèles à Israël » ou aux « prétendues priorités des juifs du monde entier » [tout du patrimoine hébreu ancien], et l’exemple onze déclare comme « antisémite », « tenir les juifs collectivement responsables des actions de l’État d’Israël ».

Donc, reliant les points: 1) Tous les juifs, quel que soit leur lieu de naissance ou leur domicile actuel, partout dans le monde, ont le droit d’aller vivre en Israël, contrairement aux Palestiniens autochtones, et le nier est antisémite, et 2) Les juifs qui refusent de s’arroger ce droit sont des collaborateurs nazis « qui se détestent eux-mêmes » (un exemple 10 parallèle de la WDA juge antisémite). Mais, vu de l’autre côté, 3) Il est également antisémite de signaler les conflits civiques émergeant de telles revendications, ou de suggérer que tout juif dans la rue (par exemple moi) devrait être tenu responsable des crimes d’Israël, nonobstant la présence putative de la Terre d’Israël en eux.

Le gouvernement Ford peut-il apprécier la contrainte dans laquelle il vient de me placer?

L’avertissement de Montagu

Edwin Montagu a saisi les contradictions dangereuses implicites dans l’idée d’État-nation juif en août 1917, trois mois avant la déclaration Balfour.

« Le sionisme m’a toujours semblé être un credo politique malicieux », a écrit le seul ministre juif du cabinet britannique. « Si un Anglais juif pose les yeux sur le mont des Oliviers et désire qu’un jour où il pourra secouer le sol britannique de ses chaussures et retourner à des activités agricoles en Palestine, il m’a toujours semblé avoir reconnu ces objectifs comme incompatibles avec la citoyenneté britannique et d’avoir admis qu’il était inapte à participer à la vie publique en Grande-Bretagne, ou à être traité comme un Anglais ».

Cent trois ans après la lettre inquiète adressée par le secrétaire d’État en Inde au cabinet britannique, l’énigme est encore plus épineuse: si mes amis juifs et palestiniens et moi tentons d’organiser un événement déclarant qu’Israël est une « entreprise raciste » (une revendication antisémite, sous l’exemple 7), ou un état d’apartheid colonial, ou que tous les Palestiniens ont le droit de retourner dans les villages dont les milices sionistes les ont expulsés en 1947/48/67, avant de les démolir, ou si nous agitons des drapeaux palestiniens et scandons «La Palestine sera libre du fleuve à la mer! », cet événement sera très probablement interrompu, très rapidement, avec l’aide d’une nouvelle application du gouvernement israélien (Act.IL) désormais entre les mains des amis zélés de l’Ontario.

Ou, si des juifs ontariens justes font la lumière sur les nombreux meurtres extrajudiciaires dont les forces de défense et la police des frontières israéliennes ont été accusées par des groupes réputés comme Human Rights Watch ou Israël B’Tselem en Israël, ou suggèrent que les accusations de crimes de guerre de la Cour pénale internationale contre des responsables israéliens pour le meurtre en masse de Gazaouis non armés, ou qu’Israël devrait être tenu pour responsable de son ingérence largement rapportée dans les efforts de santé palestiniens au milieu de la pandémie de Covid, les lobbyistes israéliens nous accuseront de « diffamation de meurtre rituel », selon l’exemple neuf de l’IHRA-WDA.

Sans parler d’« appliquer deux poids deux mesures en exigeant [d’Israël] un comportement qui n’est attendu ou exigé d’aucune autre nation démocratique », selon l’exemple huit.

Parlez d’inversions désagréables de la vérité! À part Israël, quel autre pays – quel État membre supposé démocratique de l’ONU – parvient à violer le droit international en toute impunité? Sans la moindre conséquence? En effet, avec le soutien diplomatique et économique de la communauté internationale, le Canada étant au premier plan?

Nous nous préparons donc à défier le nouveau décret de l’Ontario. Restez en attente.

Adapté de : https://mondoweiss.net/2020/10/ihra-strikes-again/

DISTRIBUÉ PAR PAJU (PALESTINIENS ET JUIFS UNIS)

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